Brother Gabe Carter est de Chicago, mais à Chicago, on l’appelle Mississippi, depuis sa conversion adolescente (la première) du soul-blues appris des voisins noirs au style Bentonia de Skip James.
Gabe Carter lui-même est blanc, mais sa culture – son église, ses proches, son quartier, son style de danse – est noire ; une histoire de famille, son grand-père était le seul membre blanc des Black Panthers de Chicago.
Brother Carter est un des tous meilleurs, et des plus traditionnels, des jeunes bluesmen, mais il ne joue plus de blues : comme beaucoup de ses modèles, il s’est converti et ne joue plus que du gospel.
Mais quel gospel ! Voix et guitare sinueuses, économes, lentes, posant une tension mystique trop progressive et maîtrisée pour qu’on en réalise la présence avant que, quelques instants plus tard, elle ne se résolve – et qu’on réalise que le morceau a duré plus de cinq minutes. Du gospel, électrique et électrifiant, à la Junior Kimbrough.
Entre sa jeune famille, son poste de « music director » à l’église du coin, et un caractère qui mêle l’intransigeance artistique à une nonchalance très country blues, Gabe ne se préoccupe guère de tourner, enregistrer, faire carrière ; les occasions de l’entendre, en-dehors de Chicago ou de ses séjours dans le Mississippi, sont rares. Il faut aller le chercher.
Côté disque, le dernier en date à s’y être collé est le légendaire ethnomusicologue et musicien David Evans, de Memphis, qui a refondé pour l’enregistrer l’automne dernier son label High Water – dont les dernières signatures, dans les années 80, étaient Jessie Mae Hemphill, RL Burnside, Hezekiah Early… Côté concert… Blues Rules !
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