Carrure de bûcheron, amples fringues d’ouvrier agricole, barbe taillée près du visage, net bol de dreadlocks soignées, regard concentré derrière d’immenses lunettes…
Cameron Kimbrough ondule en jouant, de la tête au pied, roulant des épaules, levant les jambes, tout son corps animé d’un lent mouvement continu qui souligne chaque note, chaque silence de ses riffs étirés comme une pulsation.
Second membre du clan Kimbrough de cette édition, Cameron Kimbrough, petit-fils de Junior, neveu de Robert Sr, est à la fois l’un des plus personnels de ce renouveau blues émergeant du Mississippi et l’un de ceux dans le son desquels l’influence de la patte unique de son grand-père est la plus évidente. Il est peut-être celui dont vous entendrez le plus parler au cours des trente prochaines années.
Tout en évoquant irrésistiblement les jam-bands du southern rock, le psychédélisme ou même les expérimentations les moins bavardes du rock progressif, ces longues improvisations instrumentales de guitare « parlante », à peine rassemblées par des interjections vocales élégantes, dans lesquelles il aime à entraîner ses camarades sont du plus pur, et du meilleur, du juke-joint blues.
Les collines du nord du Mississippi sont marquées par la tradition du fifre et tambours…
Si ces explorations sonores, inlassables, subtiles, ne s’égarent jamais, c’est aussi que sous ses phrasés flottants de guitare et de voix pointe toujours la maîtrise rythmique d’un batteur en chêne massif. On le sait, dans les collines du nord du Mississippi marquées par la tradition du fifre et tambours, un bluesman, de Jessie Mae Hemphill à Duwayne ou Cedric Burnside – et même Fred McDowell dont on a une piste battant sur une bassine – fait ses classes à la batterie. Si Cameron ne se révèle qu’aujourd’hui comme leader et guitariste, avec un disque en 2016 et un EP ce printemps, c’est peut-être qu’il est tout simplement trop sollicité comme batteur depuis des années par tous ces musiciens pour la plupart encore méconnus qui hantent la scène locale : Lightnin’ Malcolm, Stud Ford (eux-mêmes batteurs!), des anciens comme Cadillac John et Little Joe Ayers, Lucious Spiller, le greffon colombien Carlos Elliott Jr, Moses Crouch, d’autres encore dont un prochain Blues Rules vous révélera peut-être les noms, et jusqu’à sa propre mère, Joyce Jones, une remarquable chanteuse.
Cameron Kimbrough serait en droit d’en être lassé, et de ne plus vouloir servir que sa propre musique – mais batteur un jour, batteur toujours : peut-être, si le public du Blues Rules lui demande avec assez de gentillesse et d’insistance, acceptera-t-il de soutenir de sa frappe lumineuse le set d’un de ses vieux complices… Nous espérons ce plaisir, et comptons sur vous.
A découvrir en clôture du festival, samedi 20 mai à 01h00 sur la scène du Blues Rules Crissier Festival 2017.
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