Et la caravelle du Blues Rules se pose à… Montreuil, Île-de-France, patrie de Johnny Montreuil (sic). Hein ?! Qu’est-ce qu’un rocker chanteur réaliste tsiganophile de banlieue parisienne vient faire au Blues Rules ?
Montreuil, c’est le « French Quarter » parisien. Flânant sur l’enfilade de bars autour de la rue de Paris, l’oreille saisit ce qui se fait de plus boisé, de plus tannique, en raï, fado, punk-rock, chanson, hip-hop, fanfare… et blues, inévitablement. C’est dans ces juke-joints sur Seine, devant de vieux rockers discutant Big Bill Broonzy et Chuck Berry, Picon en main, que les bluesmen viennent retrouver leurs bases entre deux scènes majeures, qu’ils soient résidents comme Benoît Blue Boy et l’obscure légende René Miller, ou de passage, comme le vieux maître de Memphis David Evans ou notre Molly Gene.
Et de ce Montreuil, Johnny Montreuil est le prince et le barde.
Débranché de ses oripeaux électriques, concentré sur la palpitation rythmique et la couleur du son, au service de textes d’une éloquence au ras du pavé, le rock’n’roll de Johnny se débarrasse de soixante ans de surenchères et de star-system pour toucher la chair de Piaf et de Hank Williams, le cœur vivant du blues. Clignez des yeux, et la contrebasse de Johnny est celle de Willie Dixon, l’harmonica de Kik, à ses côtés, celui de Big Walter Horton. Du chant du ghetto à celui de la banlieue, il n’y a qu’un souffle.
JOHNNY MONTREUIL – LE DOC
Production : MAÏTO PROD / Réalisation : Bertrand VACARISAS
C’est donc avec plaisir qu’on vous apporte un bout de Paris à Crissier, avec le Johnny Cash de Montreuil, que vous avez peut-être déjà eu le plaisir d’entendre sur la RTS à l’occasion du Panorama “automne érable” en septembre dernier.
Photos (c) Jean Fabien.