Avec le retour du Reverend Deadeye, en duo dur et serré cette fois plutôt qu’avec son groupe massif de 2011, c’est encore une autre Amérique, inimaginable en Europe, qui débarque au Blues Rules, celle des déserts immenses, des bergers mystiques et des crotales. Comment penser ici et aujourd’hui la vie du Reverend, grand gaillard taiseux qui semble échappé d’un western ? On ne peut qu’en dire la légende.
Celui qui allait devenir Reverend Deadeye naît au cœur du désert, dans la réserve Navajo. Son père, son grand-père, missionnaires, y ont passé leur vie à prier et prêcher, dansant et chantant l’Esprit Saint des serpents venimeux à la main – les bêtes sauvages ne les mordront pas, dit la Bible.
La voie de Deadeye est toute tracée : jeune adolescent, et déjà maître de la voix, de la guitare et de l’orgue qui louangent Dieu, il est ordonné. Mais lors d’un service, un serpent le mord près de l’œil, le venin brûle sa rétine – est-ce alors que sa foi, en son église sinon en Dieu, vacille ? Quelques années plus tard, nous le retrouvons en ville, rocker. S’ensuivront deux décennies de tournées épuisantes aux travers des trop longues distances américaines, vivant souvent dans son van, seul avec ses chiens ; parfois, trop rarement, une incursion européenne. Plus récemment, l’âge gagnant, une petite ferme-fromagerie dans le Colorado, emplie de superbes chèvres, de poules, chats, chiens…
Et sa musique dans tout ça ? Elle reste essentiellement la même, un prêche extatique et sauvage tourné autant vers Dieu que vers le public, bien que le fondamentalisme y ait laissé la place à un humour ironique. A moins de vous rendre dans les tréfonds les plus reculés du Sud des Etats-Unis, vous n’entendrez jamais un gospel blanc baptiste – la source et le cœur du rock’n’roll – plus authentique.
(c) Photos: Christophe Losberger
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