Avec le Reverend K.M. Williams, de cette Church of God in Christ qui a donné à l’Amérique beaucoup de ses plus grands gospels, nous arrivons au Texas, terre de songsters – Mance Lipscomb – de bardes de troquet – Lightning Hopkins – et de chantres mystiques – Blind Willie Johnson -, tous vagabonds dans cet immense espace, et tempérant l’influence hispano-mexicaine d’une sobriété terre-à-terre caractéristique.
K.M. Williams, par le touché métallique de sa guitare, par son interprétation puisant le drame dans la retenue, par l’écho grave de sa voix projetée, par sa dignité dans les punk-blues les plus trépidants comme les prières les plus déchirantes, s’inscrit résolument dans cette filiation. Comme ses prédécesseurs, ce sexagénaire noir à la vie difficile est intense d’expériences douloureuses, presque intimidant dans ce laconisme courtois sorti de scène qui contraste avec l’expressivité de sa musique.
Mais s’il semble par moment surgi des années 30, K.M. Williams est bien de notre temps, et un avide adepte d’internet. Heureusement ! Sans cela, et sans un esprit Do It Yourself qui doit plus à l’acharnement du fermier pauvre qu’au slogan punk, nous n’aurions jamais entendu le révérend. Voilà près de 20 ans déjà qu’il s’est mis à enregistrer et commercialiser en ligne, seul, une incroyable succession de disques superbes, dans l’indifférence des labels, mais pas de la presse et des amateurs. Ce n’est qu’en 2012 que Dialtone l’a signé, pour un cd honorable mais à vrai dire un peu fade en regard de ses meilleures autoproductions, et vous le verrez de ses concerts !
Cette modernité ouverte, ce DIY, vous les retrouverez bien sûr dans sa musique, où, pour relâcher la tension entre ses terribles spirituals traditionnels au résonateur Republic (tel Johnny Winter), vous pourrez, vous allez, même, danser sur les riffs électriques hargneux de son lowebow ou de sa cigar-box guitar.
(c) Photos : Ronen Goldman
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