Le festival

[BAND] Robert Kimbrough Sr. (USA)

Robert Kimbrough Sr.

Vous le savez, le cœur du projet Blues Rules, c’est de faire venir en Europe les bluesmen ignorés d’un Mississippi toujours pauvre, reculé, discriminatoire.

Oui, il y a toujours du blues dans les chants de coton. Non, ce ne sont pas simplement des « fils de », imitant leurs anciens pour quelques dollars touristiques, mais les maîtres modernes d’un blues renouvelé. La preuve par Robert Kimbrough Sr., l’une des têtes d’affiche 2017.

 

Robert Kimbrough Sr -c- Bill SteberNon qu’on puisse prendre Robert Kimbrough pour autre qu’un fils de Junior Kimbrough, sous l’influence et dans la tradition de cet innovateur charismatique auquel son premier album officiel – et plus encore la démo confidentielle qui l’a précédé dès 2009 – s’adresse comme un dialogue maintenu. Le long étirement de riffs faussement simples, la voix projeté, presque en riffs aussi, s’ouvrant sur des notes tenues, la pulsation entêtante, signent chez lui le style Cotton Patch paternel, aussi parfaitement maîtrisé qu’on peut l’imaginer de l’enfant qui dansait dans le juke joint.
Quand il se met au service des compositions de Junior, la ressemblance peut être envoûtante.

Robert Kimbrough Sr. n’est pas son père, cependant, ni même la vestale fidèle de son héritage. D’abord, parce que, comme l’intransigeant Junior lui-même, il préfère composer, laisser ses propres paroles, son propre témoignage s’épanouir dans sa propre musique. Ensuite, parce que, pas plus que Patton ou Howlin’ Wolf en leur temps, il n’est un classiciste, tourné vers le passé, sourd aux sons portés par les radios, aux mouvements de sa culture.

Comme son neveu Cameron Kimbrough, comme  Sharde Thomas, comme Cedric Burnside, comme les autres jeunes bluesmen et -women noirs du Mississippi profond que vous a présenté le Blues Rules, Robert, maître de sa tradition rurale, l’imprègne sans embarras de soul, de r’n’b, de traces de hip-hop et de rock même, des cinquante ans de fierté musicale afro-américaine qui se sont inventés depuis la fin de la ségrégation. Dans l’indifférence du business du blues et des gardiens étrangers du temple, ces bluesmen modernes en inventent un nouvel avatar, aussi fidèle et aussi révolutionnaire qu’ont pu l’être le Chicago Blues ou le Swamp Blues.

Robert Kimbrough Sr. @ The HutRobert Kimbrough Sr. @ The HutRobert Kimbrough Sr. @ The Hut

Rencontré dans son Juke Joint, The Hut, en 2010, par Vincent…

Et ils le font loin de nos oreilles, loin même de la plupart des petits labels locaux, chez eux, entre amis dans leur cour, parfois, à peine payés, dans les quelques clubs qui vivotent encore, ou, comme Robert Kimbrough Sr. les dimanches de 2010 quand il a voulu se faire entendre, juste devant le club. Ce n’est que par l’acharnement de quelques passionnés que ce premier album est enfin sorti en 2016, qu’un second devrait être prêt pour ce Blues Rules 2017 – et ce n’est que grâce au public curieux et généreux du Blues Rules, dans ce public, que vous pourrez l’entendre en Europe.

A découvrir samedi 20 mai à 20h30 sur la scène du Blues Rules Crissier Festival 2017.
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Retrouvez Robert Kimbrough Sr. dans la web-serie sur le Mississippi : Moonshine & Mojo Hands :
Moonshine & Mojo Hands - Robert Kimbrough Sr.