Feutre, cravate, veston, un grand gaillard entre seul sur la scène presque vide, sourit avec jovialité au public, s’assoit, sort quelques objets de ses poches ou d’une petite valise…

Tout à l’heure Son of Dave en descendra, comme d’un millier d’autres scènes, trempé de sueur, épuisé de bonheur partagé, sous les cris et les demandes de rappel d’un public qui a oublié avoir été surpris, sans doute, de ce cavalier seul sans guitare, basse ni batterie.

Son of Dave est un maverick joyeux, un entertainer unique auquel érudition discrète et excentricité maîtrisée ne sont que des outils pour atteindre le public, tous les publics. Avec son élégance précise, sa fantaisie chaleureuse, voilà sept albums maintenant qu’il prend le contre-pied à la fois des conformismes commerciaux et des postures alternatives, imposant sans l’air d’y toucher une musique improbable, tissée des ingrédients en apparence les plus simples : tambourin, shaker, pied, pour les percussions ; un harmonica shuffle boogie sans bavardage ; sa voix expressive, pour le chant, l’apostrophe, et un beat-boxing trépidant ; et quelques loops pour l’assemblage.

L’extraordinaire, à vrai dire, n’est même pas que cela lui suffise pour parcourir 70 ans de musique populaire, de Leadbelly à Daft Punk en passant par AC/DC et Iggy Pop, refondus dans un rythm’n’blues cohérent. Ni qu’il délivre, avec une énergie imperturbable, ce même son idiosyncrasique des pubs londoniens aux salles russes, japonaises, libanaises et aux émissions télévisées (Taratata, Jools Holland…) pour faire taper d’un même pied grand-mères et hip-hopeurs. C’est plutôt que, dès le premier morceau, nous ne nous en rendons même plus compte, tant cette approche unique résonne pleine et évidente.

A découvrir vendredi 19 mai à 22h30 sur la scène du Blues Rules Crissier Festival 2017, histoire de ne pas avoir le temps de souffler entre les suisses de Duck Duck Grey Duck et ceux du Hillbilly Moon Explosion !
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