Le festival

2024 – Scène des Pèdzes

La scène des Pèdzes, côté restauration

En 2012, lors de la 3e édition du Blues Rules Crissier Festival, est apparue la jam de jardin, un coin à l’ombre d’un grand arbre, à même le sol, où sous l’orchestration d’un musicien, se rejoignaient non loin des bars & food trucks, des artistes du festival pour faire patienter en musique les festivaliers le temps des rapides changements de plateaux.

Avec le changement de lieu, en grimpant du parc du château à celui plus vaste de Montassé, nous avons pu créer un véritable village de restauration avec sa petite scène qui chaque jour invite un groupe chargé à la fois d’accueillir le public à son arrivée dès l’ouverture des portes, mais toujours de jouer durant les changements de plateaux. C’est la scène des Pèdzes.

Cette année, cette scène devient une véritable 2e scène, plus grande que la scène du tout premier festival en 2010, elle proposera chaque soir 2 concerts complets, à 17h30 et à 21h15, et toujours les intersets. De quoi mettre en lumière 2 groupes chaque soir, de donner plus de temps aux festivaliers pour souper tranquillement devant un concert – cette scène reste au milieu des bars et food trucks – permettre également à notre équipe plateau de souffler un instant.

La programmation de la Scène des Pèdzes :

Vendredi 07 juin

Montreuil Connection

Montreuil-sous-Bois, dans la couronne de Paris, palpitante de métissages comme de ses traditions ouvrières et maraîchères, c’est l’une des capitales musicales françaises, tant pour le rock, la soul ou les musiques les plus expérimentales que pour, surtout, les musiques roots : le manouche authentique de ses gitans, le rebetiko, le fado… et, bien sûr, le blues.
Bien des artistes du Blues Rules, comme David Evans (Last Chance Jug Band) ou Dirty Deep, ont joué, en marge de leurs dates plus officielles, des sets confidentiels dans ses minuscules troquets, et jammé avec les musiciens locaux. C’est à l’une de ses figures, Johnny Montreuil, le Hank Williams de la banlieue parisienne, que le Blues Rules confie d’animer la scène des Pèdzes pour cette première journée, avec une troupe hétéroclite de montreuillois de souche, d’adoption et d’occasion.

17h30

Rene Miller (USA)

Le louisianais Rene Miller – Meunier, il y a quelques générations – est une légende du blues underground, une figure comme surgie des temps héroïques des songsters qui a trimballé sa guitare mordante dans une dizaine de pays et joué dans plus de bars que la plupart des arbres n’ont de feuilles. Electron libre, il est rare qu’il accepte les contraintes d’une salle officielle ou d’un festival, préférant éberluer d’une rencontre de hasard les passants d’une rue ou d’un marché, quand et où il le sent ce matin-là. Maître des phrasés irréguliers à la Charlie Patton, ce taiseux hors de scène délivre les blues les plus sombres comme les plus gouailleurs avec le charisme du vécu.
Ayant longtemps vécu à Montreuil, il sera backé – s’il en est d’humeur – par Johnny et sa bande, qui l’ont persuadé de venir au Crississippi.

21h15

Gombo Chaoui (F)

Trio all-stars né entre deux grillades au hasard d’une jam du Haut-Montreuil, ce projet met au service du répertoire cajun le plus brut Johnny Montreuil, le vétéran des musiques du sud des US Manolo Gonzalez (que les anciens du Blues Rules connaissent du band de Sarah Savoy) et Jacotte Recolin, une violoniste roots multi-style de premier plan. Placement intransigeant des voix, rythmique souple mais inflexible, arrangements harmoniques subtils, une connaissance approfondie et une passion mordante pour les musiques louisianaises… Guitare et basse se renvoient le violon comme les porteurs une voltigeuse au trapèze, et nous nous envolons tous.
Certainement l’un des tout meilleurs ensembles cajun européens.

Intersets

Johnny & the Montreuil Connexion

Johnny Montreuil lui-même, tel qu’a pu l’apprécier le public du Blues Rules 2016, dans ses œuvres et épaulé par son fidèle harmoniciste, et autre bête de scène, Kik Liard. Johnny, c’est l’alliance entre la guinguette et le honky tonk, des textes ciselés jusqu’à en sembler facile, une contrebasse creusant le rock jusqu’au blues et au-delà, un baryton grave tellement maîtrisé qu’il peut se permettre toutes les fêlures d’émotion sans jamais déraper, une vie, une profession de foi rebelle et bohème sous-tendue par un travail acharné, et au-delà une présence énorme, d’une sincérité délibérée et assumée. Avec derrière une équipe encore imprévue, et imprévisible, de montreuillois.

Samedi 08 juin

17h30

Last Chance Jug Band (USA)

Dans l’âge d’or des années 1930, l’un des plus grands styles de blues fut le jug band, émanation des quartiers noirs de Memphis où les métayers du Delta, récolte vendue, oubliaient quelques heures leur sort entre joueurs professionnels, femmes légères et mariniers du Mississippi. Jazz du pauvre, joué par des virtuoses semi-mendiants sur des instruments de fortune – guitares défoncées, harmonicas de quatre sous, et une gamme d’objets détournés au premier rang desquels les jattes (jugs) vidées de leur whisky remplaçaient les trop chers tubas – il eût la revanche éclatante d’une immense popularité, avec d’inoubliables morceaux comme « Sitting On Top of the World » (le favori d’Al Capone).

Aujourd’hui, il n’y a guère qu’une poignée de groupes à maintenir cette flamme, chant traînant et guitare déliée sur les lignes de basse vrombissantes des jattes, et parmi cette poignée même le Last Chance Jug Band est spécial. Mené par David Evans, musicologue pré-éminent du blues,  collecteur, producteur ou sideman de tous les derniers grands du country blues et guitariste magique malgré le poids des années, ce groupe s’inscrit dans la continuité immédiate de son Memphis Beale St. Jug Band du tournant des années 1980, au sein duquel il avait rassemblé, pour faire humblement ses classes auprès d’eux, les derniers grands survivants de l’apogée du style. Une tradition ininterrompue, mais pour combien d’années encore ? Avec, aux côtés de « Uncle Dave Evans », à l’harmonica et à la jatte, Elmo Lee Williams, trente-cinq ans comme bandleader soul et blues dans les juke-joints de Memphis, et au frottoir et à la jatte, Ted Maclin, qui vit encore dans la ferme bâtie par sa famille non loin de Memphis début 19e siècle.

21h15

Carlos Elliot (Co)

Colombien ou Mississippien ? L’ex-rocker « paisa » des collines du café a tellement traîné dans le Sud profond sa six-cordes – et son fifre, ses débuts sur scène furent comme flutiste, et il a absorbé spontanément la tradition des Turner et Hemphill – que son jeu, le phrasé de sa voix chaude et vibrante, semblent au premier abord pur « cottonpatch ». De house party en juke-joint, de Clarksdale aux collines du Nord Mississippi, il a joué, et appris, avec tous les musiciens notables de la région, les anciens comme Robert Belfour, les plus jeunes comme Lightnin’ Malcolm, avant de rejoindre le house band du plus grand juke-joint de Clarksdale, les Cornlickers fondés par Big Jack Johnson et animés par le guitariste-producteur renommé Bobby Gentilo, qui l’accompagnera sur la scène du Blues Rules.

Alors, rien de colombien chez Carlos Elliot ? Si, pourtant, entre les lignes. Une inflexion rebondissante dans les rythmiques, qui renvoie à la cumbia, une nuance presque caraïbe, évoquant la Nouvelle-Orléans, peut-être renforcée par les racines de Gentilo dans le Go-Go, le trop négligé funk-blues de Washington DC. Surtout, une immense, communicative joie de vivre sur scène, bien plus latino que nord-américaine. Et, dans la tonalité, un renforcement subtil de l’influence amérindienne, commune aux sons populaires des collines colombiennes et mississippiennes

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