Molly Gene, jeune femme blonde souriante en bottes et jean, c’est l’Amérique des Grandes Plaines du Midwest, celle des fermes bien soignées, des vaches et du maïs, et elle garde dans sa chaleur et sa simplicité quelque chose de rural. Mais le Midwest, c’est aussi “l’allée des tornades”, et ceux qui ont vu sa première européenne au Blues Rules 2012 en ont senti le souffle.

Rageuse, trépidante, sa main s’abat sur sa guitare en riffs blues brutalisés, sa voix si particulière, travaillée vers le strohbass du métal, incante les murders ballads qu’elle compose au plus près d’une tradition multi-centenaire, ses pieds battent une dentelle de rythme sur son “footdrum”… Puis, un moment, Molly Gene se calme, sans s’apaiser, et sur nos souffles courts monte a cappella un gospel déchirant.

Peu de musiciens peuvent rassembler ainsi fans de métal et adeptes de country blues en une même émotion, mais Molly est unique – et bien plus subtile que la première gifle sonore, la première rafale de sa présence scénique à cœur ouvert ne pourrait le laisser croire. Simplement, chez elle, la virtuosité, bien réelle, l’exigence et la rigueur des arrangements, ne sont que l’outil, non l’œuvre. Au-delà de la musique, c’est ce qui fait de ses concerts une expérience profondément humaine.

Pour nous, c’est un vrai plaisir d’accueillir à nouveau Molly à Crissier, 4 ans après lui avoir offert son premier voyage en Europe pour le Blues Rules 2012.

(c) photos: Aaron Bowen Photography