Escale dans le Mississippi, dans cet arrière-pays forestier courant entre les plaines cotonnières du Delta et les petites fermes des collines, avec Leo Bud Welch, l’octogénaire souriant et dansant qui a enchanté le Blues Rules 2014 de sa voix et de sa guitare rose lors de sa première apparition européenne
On vous dira, dans Rolling Stone Magazine et ailleurs, que Leo Bud Welch est une découverte miraculeuse, une carrière qui commence dans un coup de tonnerre à 80 ans passés, un témoin de l’âge d’or blues des années 50 oublié dans son champ, dans sa coupe, derrière sa mule, la tronçonneuse plutôt que la guitare en main.
Tout cela est vrai – monsieur Welch a toujours vécu les journées rudes d’un travailleur agricole – mais n’est qu’un fragment de vérité. Deacon Leo Bud Welch, bien longtemps avant que les experts et le public du blues international ne l’entendent, était une star pour le public local intense et exigeant du gospel noir rural, aujourd’hui encore la plus pratiquée et peut-être la plus grande des musiques populaires américaines, mais aussi la plus négligée hors de ses églises. Longtemps avant son premier album pour Big Legal Mess (Fat Possum), ses cassettes auto-produites s’arrachaient à la sortie du service, et il présentait l’émission gospel hebdomadaire de la télévision régionale.
Soixante années de gospel…
Surtout, pas plus que ne l’étaient R.L. Burnside, Junior Kimbrough ou T-Model Ford, Leo Bud Welch n’est pas une relique historique. Il est une épaisseur historique. Soixante années d’étude, de pratique, de joie du gospel et du blues dans lesquels se sont forgé une compétence et un style personnel, qui ne pouvaient pas être ceux du jeune père de famille qui n’avait pu se rendre à son audition avec B.B. King.
Leo Bud Welch n’est pas, heureusement, le dernier des bluesmen. Mais il est, aujourd’hui et de loin, le plus expérimenté. Et cet ancien bûcheron envoie le bois.
(c) Photos : C. Losberger
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