BRCF2018 : Le compte-rendu de la 9ème édition du festival :
Le soleil a brillé tout du long sur cette IXe édition, qui aura pris, plus que jamais, les allures d’une réunion de famille ou de village.
Avec le contingent des collines du Nord Mississippi, d’abord : le retour des cousins Thomas-Turner au fifre et tambour, à la fraîcheur intacte malgré le remarquable développement d’une maturité musicale qu’on croyait déjà achevée ; RL Boyce, dont le nouveau disque, 45 ans après son premier enregistrement sur un tambour de leur grand-père Otha Turner, vient de recevoir la reconnaissance inédite pour un simple fermier d’une nomination pour un Grammy ; leur voisine et amie Joyce SheWolfe Jones, soutenu par son fils Cameron Kimbrough, découverte de l’an dernier – tout ce monde s’est croisé et recroisé de set en set, venant fournir qui quelques mesures de tambour, qui une phrase de guitare, sur les morceau les uns des autres.
Et autour d’eux, avec eux, s’est rassemblé l’ensemble du festival, ce village fugace nommé Crississippi.
L’autre mississippien, bien sûr, le fulgurant Big A Sherrod, qui au sortir de son set intense, débordant d’envolées de guitare lyrique très Clarksdale, marqué de multiples descentes dans la foule, s’est assis au côté de l’ancien, RL Boyce, pour une inlassable, obstinée déconstruction-reconstruction des riffs primaux à la Burnside-Kimbrough, avec une parfaite évidence malgré l’apparente opposition des genres.
Les piliers du Blues Rules : Possessed by Paul James, à nouveau victime de la « malchance » du Blues Rules avec les avions – c’est une difficulté, et un risque, que peu osent courir, faire venir tant de musiciens résidents des régions les plus reculées, les plus mal desservies du Sud des Etats-Unis – déchaînant le public en l’étreignant de son corps désarmé, pied battant, voix et geste seuls, quand le banjo pas encore remis des variations de pression lâche en cours de morceau ; Molly Gene, notre princesse, et ses invités surprise, ses voisins tout proches dans le Missouri rural des Freight Train Rabbit Killers, avec lesquels elle s’est livrée à un show fantasque et psychédélique sur une palpitation blues minimaliste ; le petit Marceau, arrivé juste l’an dernier, mais que sa bonne humeur et son talent aux intersets et en jams et guestings ont propulsé directement au cœur du village, venu avec sa consœur tout aussi rayonnante et bondissante Kim-Anh ; les têtes d’affiche suisses, les anciens bénévoles de l’équipe de scène The Two, confortables comme rentrés à la maison de leurs grosses tournées d’aujourd’hui, et débordant de verve ; Blues Street One Man Band, de la fine équipe des Arkadelphians, locaux vaudois et fidèles de la première heure, de l’un ou l’autre côté de la rampe.
La famille du Blues Rules s’agrandit…
Les cousins très proches enfin rencontrés, comme Big Papa Binns, venu d’Arkansas sans son fils, retenu, mais porteur d’une partie des cendres d’un de ses meilleurs amis, Johnny Stevens, infirmier de Cedell Davis mais aussi son harmoniciste, destinées à être dispersées sur la prairie du Blues Rules, ou Hypnotic Wheels, le groupe vielleux avec lequel Tia Gouttebel vient de vivre une longue résidence et collaboration avec les Thomas-Turner et Kimbrough-Jones, qui les ont bien sûr rejoint sur scène.
Inutile de dire que les nouveaux venus, l’anglais mordant Thomas Ford, l’inattendu Youri Defrance, les jeunes prodiges suisses Broken Bridge – Mister PC, le père du guitariste, invité par Big A à tenir sur son set une basse magistrale à l’issu d’une jam coup de foudre backstage -, le hokum band The Moonlight Gang, devant lequel She-Wolf Jones et Molly Gene, épaule contre épaule comme elles l’ont été tout le festival, un même sourire aux lèvres, rivalisèrent d’entrechats et de whoops, tous furent entraînés, submergés, adoptés en un tour de main.
Et le public, bien sûr, lui aussi, métalleux égarés, punks intrigués, villageois retraités et vieux vignerons de Crissier, enfants, brasseurs, rockers, blueseux à l’ancienne, étudiants noceurs ou studieux, vaudois suisses européens citoyens du monde, tous se sentirent, deux longues et belles journées, frères en blues et voisins en Crississippi.
Merci à tous.
Et vivement la 10ème !
– Ratel.
BRCF2018 : Retour en vidéos !
Merci à Franck Rapido pour les prises de vue et le montage (avec le son pris directement à la table de Raph Moquet)…
BRCF2018 : Retour en images !
Merci à 3 des fidèles photographes du Blues Rules Crissier Festival : LNPixelle Photography, Christophe Losberger et amdo photo de nous avoir permis de piocher 9 (!!) photos dans leurs clichés de cette 9ème édition…
BRCF2018 : Les intrasets vinyl de DL Phil
Merci à DJ Phil d’avoir apporter les platines et ses galettes pour animer les intrasets nocturnes du festival