Big Damn Band : à trois musiciens, en acoustique, l’équipe du Reverend Peyton nous propulse dans un bal rural vertigineux, une version accélérée, frénétique, mais fidèle des songsters stars des années 20.
D’un côté de la scène, Breezy, la femme du Reverend Peyton, mama corpulente aux épaules de lutteur, une fleur dans les cheveux, malmène la scène des deux bottes et racle sa planche à laver métallique à en arracher des étincelles.
Au fond, un moustachu martèle une batterie sommaire.
Et devant, le Reverend, gapette vissée au crâne, ouvre la bouche comme une grotte dans la jungle noire de sa barbe pour aboyer en basse rugueuse et, surtout, lacère sa guitare à résonateur d’une pluie de notes tranchantes, virtuoses, improbablement rapides.
Le show, coloré, maîtrisé, culminant dans les flammes, est lancé.
Ce groupe est à part dans la scène blues américaine.
Plutôt que des Appalaches, du Mississippi ou de Louisiane, il vient de l’Indiana, au nord de la ligne Mason-Dixon – mais de son comté le moins peuplé, couvert de forêt à 90 %, peuplé au 19e siècle par des petits blancs des états du sud, et resté en marge tout au long du 20e siècle, un terroir de bûcherons où l’automobile fût rejeté avec terreur superstitieuse. Cette origine imprègne le Big Damn Band qui, quand il ne reprend pas du Patton, référence première du Reverend, chante les pommes de terre maternelles, le maïs… et le sinistre économique qui affecte cette région reculée.
Non qu’ils ne restent enterrés dans leurs racines. Le Big Damn Band, comme la plupart des jeunes bluesmen américains, sont des forcenés de tournée, que ce soit seuls, de bars en festivals, ou avec l’immense machine du Warped Tour, une institution qui a lancé des groupes comme les Black Eyed Peas ou My Chemical Romance, et les a improbablement élus meilleur groupe de la tournée en 2010 : ne vous y trompez pas, s’ils restent assez peu connus en Europe, le Reverend Peyton et sa troupe sont des stars aux Etats-Unis, le seul groupe de blues connu des punks ou des skateurs californiens.
Guère lieu de s’étonner que, de leurs 9 albums, 4, y compris le très puriste disque d’hommage à Patton, soient sur un label de punk, et le suivant sur l’historique défenseur du blues d’avant-guerre Yazoo / Shanachie.
A découvrir samedi 20 mai à 23h30 sur la scène du Blues Rules Crissier Festival 2017.
A ne pas manquer également : la masterclass donnée par le Rev’ lui-même, samedi à 15h !!
► Billetterie | Facebook | le site du groupe
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