Nous (Thomas) avons posé quelques questions à Christophe Losberger, président du B.A.G.
Comment est né le BAG ?
Le BAG est né en avril 2008, fondé par quelques passionnés de Blues qui avaient envie départager cette musique et la faire vivre dans la région.
Y-a-t’il d’autres associations équivalentes dans d’autres villes suisses ? (pour ma part à Lausanne, je ne connais pas d’équivalence…)
A part les associations qui organisent des festivals annuels comme le Blues Rules ou le Sierre Blues, il n’y a probablement pas d’association de blues aussi active que le BAG en Suisse Romande. En effet nous organisons chaque semaine un événement, qu’il s’agisse d’une jam ou d’un concert au Brasseur des Grottes, chaque jeudi à la rue de la Servette à Genève, et cela dure depuis maintenant presque 6 ans.
Il y a d’autres acteurs sur la scène blues romande comme le Chablais Blues Connection qui organise quelques jam session dans l’année et publie un webzine ou encore le Vully Blues Club qui anime depuis plusieurs années un festival dans les celliers de Vully au mois de novembre et organise quelques concerts de manière irrégulière dans l’année. Vully Blues participe également à la promotion des groupes romands en les soutenant pour enregistrer un CD, par exemple.
A mentionner aussi quelques professionnels comme Bonny B. qui organise régulièrement des concerts et des tournées d’artistes américains en Suisse.
Comment va la scène du blues helvète ?
La scène se porte pas mal du tout ! Les grands festivals comme Lucerne, Basel, Rapperswil et d’autres en Suisse allemande existent depuis plusieurs années et ils sont aujourd’hui complétés par les festivals romands de Crissier et de Sierre. Il faut également mentionner le Montreux Jazz Festival qui consacre plusieurs soirées au Blues, avec des artistes que personne d’autre ne pourrait s’offrir en Suisse.
Localement à Genève, l’activité du BAG et notamment l’organisation régulière de jam sessions ont permis de tisser un vaste réseau de musiciens de blues qui a donné naissance à plusieurs groupes dont quelques- uns jouent aujourd’hui régulièrement.
Sinon, en dehors de notre canton on trouve de nombreux et talentueux groupes et musiciens de blues, mais ce qui manque essentiellement ce sont des endroits où jouer en dehors des festivals, même si de nombreuses salles, pubs pubs ou bistrots passent parfois des groupes de blues il faudrait plus de lieux dédiés uniquement à cette musique.
Quels en sont aujourd’hui, à votre avis, ses meilleures représentants ?
Hell’s Kitchen est un des fleurons du blues suisse (ils viennent de sortir un superbe CD très récemment, soit dit en passant). On ne se rend pas forcément compte de leur importance ici mais quand on discute avec des fans ou des experts du blues ailleurs en francophonie, la plupart associeront immédiatement le blues helvétique avec Hell’s Kitchen. Mama Rosin aussi, bien sûr est une de nos figures de proue et s’exporte en Angleterre, en France ou en Belgique. Sinon, on doit aussi citer les groupes vainqueurs du Swiss Blues Challenge, un concours de blues qui permet de sélectionner le représentant de la Suisse dans des concours internationaux comme l’International Blues Challenge ou le European Blues Challenge : Marco Marchi & the Mojo Workers, Fabian Anderhub, Bacon Fats et plus récemment The Two, à qui vous avez consacré une interview récemment et que nous apprécions tout particulièrement. Sinon, il faut citer également Philipp Fankhauser qui fait une magnifique carrière de l’autre côté de la Sarine et qu’on a pu voir notamment à plusieurs reprises au Montreux Jazz Festival . Et il y a plein de jeunes groupes prometteurs comme Swamp Train ou Amaury Faivre, qui commencent à se faire un nom.
Quel est le rôle premier du BAG ? Promouvoir et entretenir le dynamisme du blues suisse ou ouvrir les frontières pour permettre à des formations étrangères de venir se produire à Genève ?
Le tout et encore plus ! Le rôle premier du BAG est la promotion et la diffusion du blues et pour cela nous empruntons plusieurs voies. Nous faisons venir 5 à 6 fois par année des groupes étrangers (américains ou européens) qui permettent de faire découvrir le blues au plus grand nombre avec des concerts de qualité, qui nous l’espérons donnent envie de découvrir et d’écouter encore plus de blues.
L’organisation de concerts avec des groupes suisses ou venant de France voisine permet de maintenir une scène locale/régionale et stimule les échanges entre les musiciens de blues de la région. Les jams sessions permettent aux musiciens qui pratiquent le blues de se réunir, jouer ensemble, se faire plaisir, et parfois même de fonder de nouveaux groupes éphémères ou plus durables. Finalement, nous avons aussi fait consacré un peu de temps à l’éducation du blues et de son histoire dans les écoles en organisant des conférence ou en faisant venir des jeunes au BAG pour différentes activités (présenter les métiers du spectacle, l’histoire du blues, etc.). Bref nous diversifions nos actions et répondons toujours présent pour participer à des événements qui contiennent le mot Blues, qu’il s’agisse de festivals ou de manifestations organisées par des communes ou des organismes privés.
Cette année, vous avez une très belle programmation : AWEK pour leur tournée anniversaire, Philippe Ménard… quels autres noms viennent compléter votre saison 2014/2015 ?
Nos concerts spéciaux sont notre vitrine auprès du grand public, celui qui aime le blues sans forcément être un aficionado. Awek est un groupe que nous proposons régulièrement depuis nos débuts (c’est la 3ème fois que nous les invitons) parce que tout le monde les aime, un peu comme Wes Mackey au Blues Rules, qui nous adorons avoir chaque fois que c’est possible. Cette année nous aurons encore au programme Steve Strongman le 20 novembre, qui est une grand pointure du blues canadien, et qui a reçu plusieurs prix prestigieux au Canada et aux USA et le 27 novembre nous aurons Manu Lanvin, que nous avons pu voir au Blues Rules 2014. Et pour l’an prochain on a déjà plusieurs noms, mais on en reparlera à Noël !
Le BAG est partenaire du Blues Rules depuis quelques années. Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce festival ?
J’ai vu en juin 2009 une page Facebook d’un certain Thomas Lecuyer qui annonçait son intention d’organiser un festival à Crissier et le concept m’a tout de suite emballé ! Je l’ai contacté et nous nous sommes très rapidement rencontrés pour jeter quelques idées pour promouvoir au mieux ce nouveau festival. Ce qui m’a séduit dans ce festival c’est sa signature unique de Deep and Dirty Mississippi Blues, mêlant les racines fondamentales du delta original avec des musiques beaucoup plus modernes, mais plongeant toujours dans ces racines profondes. Ce son et ce ton typique font du Blues Rules Crissier un festival unique en Suisse, voire même en Europe. Nous y faisons chaque année des découvertes incroyables dans une ambiance toujours extrêmement sympathique et c’est toujours l’occasion d’écouter des artistes exceptionnels qui ne viennent que très rarement (ou jamais) en Europe. Longue vie au Blues Rules !