Pour la 10ème édition des Nuits de l’Alligator, Stéphane Deschamps, programmateur, a gentiment pris le temps de répondre à nos questions.
Salut Stéphane,
En 2006, tu programmais Kenny Brown, Scott H. Biram et les Black Diamond Heavies le même soir. J’y étais et c’est un de mes plus beaux souvenirs de concert, et surtout mon premier vrai pas dans le monde du Blues. Merci !
D’ailleurs, c’est quand ces nuits ? C’est où ?
Depuis le 17 février, et jusqu’au 10 mars à Vannes, Clermont-Ferrand, Paris, La Rochelle, Rouen, Evreux, Mâcon, Amiens, Saint-Etienne et Caen.
Et quels artistes va-t-on y croiser ?
Heavy Trash, Hayseed Dixie, Bloodshot Bill, Black Strobe, Sarah McCoy, Hanni El Khatib, Two Gallants, Jolie Holland, Hell’s Kitchen, Streets Of Laredo, Duck Duck Grey Duck.
Te souviens-tu de la première nuit il y a 10 ans ?
Pas de la première nuit en particulier, parce que ça commence à dater et que j’ai une mémoire d’écureuil, mais je me souviens bien de la première édition, qui était vraiment la matrice de la suite, avec du blues pur, du garage-blues, du folk, des one-man bands et plein de musiciens mémorables (qu’on a parfois reprogrammés tellement on les a aimés) : Dick Annegarn, les Baptist Generals, le Legendary Tigerman, Kenny Brown et Cédric Burnside, Scott H Biram, et déjà Hell’s Kitchen, qui reviennent en 2015.
Quels artistes es-tu fier d’avoir fait venir ?
Au moins 70%, parce que la programmation fonctionne autant que possible au coup de cœur. Je crois qu’on a été les premiers à proposer une tournée à The Jim Jones Revue, qui sont devenus assez énormes après, et c’est une fierté. Grand souvenir aussi de la soirée avec CW Stoneking et Timber Timbre. Et celle avec Mama Rosin et Possessed By Paul James. L’année 2014 a été très bonne avec Sarah McCoy et Bror Gunnar Jansson. Un autre bon souvenir : Mathias Malzieu de Dionysos en duo ukulélé avec le dessinateur (et cinéaste Joann Sfar). Mais ma plus grande fierté, c’est sans doute d’avoir programmé deux fois Dick Annegarn, un trésor. En plus, la deuxième fois, il a fait un duo avec le chanteur Raphaël. Donc Raphaël est passé aux Nuits de l’Alligator. C’était incongru, et ça me plaît.
Les Nuits de l’Alligator c’est aussi un tremplin pour des groupes pas assez connus en France (et en Europe). Es-tu un missionnaire du Blues ?
Pas vraiment, d’abord parce que je ne mettrais pas l’étiquette blues sur le festival. Le but c’est de faire découvrir et partager des musiciens qui ont des racines dans le blues et l’americana, mais qui peuvent en être assez loin et n’ont pas vocation à exister sur la scène blues. Je dirais plutôt missionnaire du bon goût, en toute simplicité.
L’immanquable 2015, qui est-ce ?
Sarah McCoy !
Cette année on y voit pas mal de suisses, un petit mot sur cette scène bleue ?
C’est la connexion Mama Rosin, que j’ai vu pour la première fois sur scène aux Nuits de l’Alligator, et qui m’a mis sur le cul. On a sympathisé, j’ai découvert leur label Moi J’Connais, j’adore leur musique et tout ce qu’il y a autour. On avait programmé Hell’s Kitchen en 2006, et on les reprogramme en 2015 alors qu’ils ont sorti leur dernier album sur Moi J’Connais. On a aussi cette année Duck Duck Grey Duck, le nouveau groupe de Robin de Mama Rosin. Et aussi Heavy Trash le groupe de Jon Spencer et Matt Verta-Ray, qui sont des proches de Mama Rosin. Il y a des connexions qui se font naturellement, c’est parfait.
Une anecdote sur ta venue au Blues Rules (en 2011) ?
La déambulation fife & drum de Sharde Thomas qui traverse la prairie avant d’arriver à la scène, le Nord Mississippi s’est rapproché subitement, et c’était l’environnement parfait pour ce voyage dans l’espace-temps que je cherche à travers la musique. La prairie, le plein air, c’est quand même mieux pour ce genre de musique qu’on aime. Mon fils était là aussi, il a joué au foot avec le fils de Reverend Beatman et c’est chouette, ils n’auraient pas pu jouer au foot à la Maroquinerie.
A bientôt, tu viens à la Maroq ?
St.