Nous avons appris vendredi soir le décès dans la nuit du 14 au 15 février de notre ami Wes Mackey, mort comme il avait vécu, comme Molière, comme Johnny Guitar Watson, Country Dick Montana et Eddie Peabody, en descendant de scène, à l'issue d'un dernier concert qu'il s'était refusé à annuler.
Si la plus grande partie de la très longue carrière de Wes Mackey s'est déroulée dans une semi-obscurité, ce n'était certes pas par défaut de son talent, mais plutôt par sa qualité même : subtil, élégant, son jeu suggérait plutôt qu'imposait, marqué par la même personnalité chaleureuse et discrète qu'exhibait l'homme hors de scène - et, pour l'auditeur attentif, par le même rayonnement et le même humour amical. Le public européen, et surtout celui du Blues Rules, avait su, lors de son retour de la "seconde chance", lui prêter l'écoute attentionnée qu'il méritait, et aucun des présents n'oubliera l'envolée partagée de ses apparitions sur la scène du festival. Derrière le voile de son humilité, c'est une personnalité remarquablement originale et libre qui s'affirmait alors, dans la sincérité pudique de ses compositions autobiographiques, dans la touche d'excentricité toujours d'un goût parfait - par exemple, musicalement, dans son usage atypique mais si riche de la pédale bass, dont il jouait en chaussettes soigneusement assorties à ses costumes.
Ces moments nous étaient précieux, comme ils étaient précieux à Wes, qui les avaient mémorialisés dans l'hymne qu'il nous avait offert, "Blues Rules". Aujourd'hui, à la nouvelle de son décès, notre chagrin est plus vif encore d'avoir cru pouvoir l'accueillir une nouvelle, une dernière fois lors de notre édition 2019. Ses fidèles amis de Crissier et d'au-delà se joindront à nous pour un hommage qui reste encore à définir. D'ici là, nous ne pouvons que réécouter, le coeur un peu lourd, son "Blues Rules" live au Blues Rules, que nous avions choisi avec lui de faire figurer sur le disque de l'édition 2011.
- la famille du Blues Rules.